Challenge: Nuit tropicale
Le duvet de Ko Samui
Ko Samui - Thaïlande - Février 2021
Je vais vous raconter une histoire qui s’est déroulée il n’y a pas si longtemps, dans un coin de paradis.
À cette époque, j’étais en couple avec Yuri, un photographe russe, beau comme un dieu slave avec ses cheveux sombres et sa barbe de quelques jours. Il venait de décrocher un contrat inattendu : un grand groupe hôtelier en Thaïlande l’avait engagé pour photographier leurs établissements les plus luxueux. Et, comme souvent avec lui, les décisions se prenaient à la volée. En deux jours, nous avions quitté la neige fondue de Moscou pour atterrir dans la moiteur tropicale de Ko Samui.
Dès notre arrivée, j’avais l’impression d’avoir changé de vie. Nous étions logés dans un petit bungalow de bois vernis, avec une terrasse en bambou qui s’ouvrait sur la mer. À cinquante mètres à peine, les vagues venaient lécher le sable blanc, et la lumière, douce et dorée, semblait envelopper l’île d’un voile d’irréalité. Chaque matin, Yuri partait en repérage ou en shooting, l’appareil en bandoulière, les yeux brillants de passion. Moi, je savourais une vie oisive que je ne connaissais pas : siestes à l’ombre des palmiers, jus frais au bord de l’eau, massages aux huiles tièdes, cocktails au bord de la piscine à débordement.
Mais au bout de quelques jours, un détail est venu troubler mon bien-être.
Je n’avais emporté qu’un seul maillot, un vieux une-pièce un peu délavé, et la moiteur de l’air, l’eau chaude et salée me donnaient envie de quelque chose de plus... audacieux. Dans une petite boutique sur la plage, tenue par un couple de Français exilés, je suis tombée sur un bikini minuscule, d’un orange brûlé, presque cuivre. Un vrai bijou. Il moulait mes courbes, soulignait mes hanches, et laissait peu de place à l’imagination. Sauf que... il révélait aussi une autre réalité : un petit duvet, discret mais bien réel, dépassait sur les côtés de la culotte. Je n’étais pas totalement épilée — et ça m’a soudain obsédée.
En Ukraine ou en France, j’aurais pris rendez-vous en ligne en cinq minutes. Mais sur une île thaïlandaise, ça ne fonctionne pas pareil. Je me suis donc rendue à la réception du boutique-hôtel voisin, un petit établissement raffiné tout en teck et en lin blanc, espérant trouver quelqu’un pour m’orienter.
C’est là que je l’ai vue. Une jeune femme, européenne, peut-être italienne ou croate, avec une peau ambrée, des boucles claires attachées à la va-vite, et une robe blanche à fines bretelles qui révélait une silhouette sportive et sensuelle. Je me suis approchée, un peu gênée, et lui ai demandé si elle connaissait un salon d’esthétique sur l’île. Elle a souri, un peu surprise, puis a ri franchement. Elle m’a dit qu’elle-même galérait à se faire épiler depuis des semaines, et que si je trouvais une solution, je devais absolument la tenir au courant.
Elle s’est tournée vers sa collègue, une Thaïlandaise d’une quarantaine d’années, fine, calme, avec un port élégant et des yeux vifs. Elle portait une chemise de lin beige impeccablement repassée, et ses ongles vernis témoignaient d’un soin tout asiatique du détail. Elle m’a regardée, m’a souri doucement, puis a parlé dans sa langue avec sa collègue. Après un bref échange, elle a hoché la tête.
— Ma cousine, m’a-t-elle dit avec un accent chantant, est esthéticienne. Pas salon officiel, mais... très propre. Elle peut s’occuper de vous. Ce soir, si vous voulez.
J’ai dit oui, évidemment. Intriguée. Excitée même.
Elle m’a noté une adresse sur un petit papier, et le soir venu, au soleil couchant, je me suis rendue dans une maison sur pilotis, à l’orée de la jungle. Là, entre les chants des oiseaux et le parfum entêtant du frangipanier, j’ai rencontré Lin, une femme d’une cinquantaine d’années, douce, précise, presque mystique. Elle m’a accueillie dans une pièce tamisée, aux murs couverts de tissus en soie, et m’a invitée à me déshabiller doucement. Elle m’a demandé si je voulais “épilation classique” ou “spéciale”. Je ne savais pas ce que cela voulait dire, mais j’ai dit spéciale, un peu par provocation, un peu par curiosité.
Ce qui s’est passé ensuite... est resté gravé dans mon corps.
Lin s’absenta quelques minutes, me laissant seule dans la pièce tiède où flottait une odeur de citronnelle et de fleurs séchées. Je commençais à me demander ce qu’était exactement cette « épilation spéciale » quand la porte coulissa doucement derrière moi.
Elle entra sur la pointe des pieds, sans un bruit, comme un souffle d’air chaud.
Elle avait le type de beauté énigmatique qu’on croise parfois en Asie : un visage lisse aux traits fins, des yeux de jais ourlés d’un léger khôl, une bouche pulpeuse et douce. Sa peau était dorée, parfaite. Difficile de dire son âge — quinze, dix-huit ou vingt-cinq peut-être — mais elle dégageait une grâce calme et une assurance étrange, comme si rien ne pouvait la troubler.
Elle portait simplement une blouse blanche très fine, à peine boutonnée, et une paire de tongs usées. Sous le tissu léger, on devinait sans mal les courbes de sa poitrine nue, le dessin de son ventre plat, la naissance de ses hanches. Son regard se posa sur moi sans gêne, sans malice non plus. Juste… une présence.
Je m’apprêtais à lui poser une question — probablement quelque chose d’idiot, du genre : « Et donc, en quoi consiste cette épilation spéciale ? » — mais elle leva doucement la main et posa un doigt sur mes lèvres.
Un geste silencieux, délicat, mais qui imposait d’emblée une autre forme de communication.
Puis, sans dire un mot, elle m’invita à me déshabiller. Elle se tenait à moins d’un mètre, me regardant avec cette sérénité désarmante. Je sentis mes joues rosir. Il y avait quelque chose dans l’air — cette chaleur épaisse, ce silence à peine troublé par le chant des insectes, ce regard posé sur moi — qui rendait tout irréel, presque sacré.
Je fis glisser ma robe d’un geste lent. Elle glissa le long de mon corps, tomba à mes pieds. Je ne portais rien dessous.
Je me tenais nue devant elle, vulnérable, le cœur battant plus fort qu’il ne l’aurait dû. Elle me fit un signe pour m’allonger sur la table basse couverte d’un linge doux. Puis elle alluma une bougie, dont le parfum envoûtant emplit la pièce.
Quand elle revint vers moi, elle avait les mains enduites d’une huile chaude au jasmin. Ses doigts se posèrent d’abord sur mes cuisses, avec une lenteur calculée, presque cérémonieuse. Elle ne disait toujours rien. Chaque geste était fluide, précis. Elle appliquait l’huile comme si elle dessinait un secret sur ma peau.
Ses doigts glissèrent plus haut, frôlant à peine la ligne du maillot. Elle ne me demandait pas ce que je voulais. Elle semblait le savoir. Mon souffle s’accéléra. Mon ventre se contracta doucement. L’huile coulait entre ses mains, tiède, odorante, et son toucher était si délicat que j’en fermai les yeux.
Et c’est là que je compris : l’épilation spéciale, ce n’était pas un service, c’était un rite. Un jeu de sensations. Une offrande de soi.
Ses mains huilées glissaient lentement sur ma peau, dessinant des arabesques invisibles, épousant chaque courbe, chaque frisson. Elle travaillait avec une concentration silencieuse, presque méditative. Elle ne me regardait pas dans les yeux, mais semblait deviner chaque réaction de mon corps — chaque souffle retenu, chaque micro-tension dans mes cuisses, chaque battement plus fort sous ma peau.
L’huile avait envahi mon bas-ventre, tiède et parfumée. Elle fit glisser deux doigts au creux de mon pubis, là où le duvet s’épaississait. Son geste ralentit. Elle resta là, immobile quelques secondes, puis pressa très légèrement. Mes hanches frémirent.
Elle murmura enfin, dans un anglais doux, un souffle à peine audible :
— You want me to take care of this?
J’ai hoché la tête sans un mot, envahie d’un mélange de gêne et d’excitation. Il n’y avait pas de honte dans son regard, pas de jugement. Juste ce calme déroutant, comme si elle connaissait les corps mieux que ceux qui les habitent.
Elle s’agenouilla entre mes jambes, ramena la lumière de la bougie un peu plus près, et commença à travailler avec une précision délicate. Elle utilisait une cire dorée, tiède, qu’elle appliquait avec les doigts, sans spatule, comme une caresse technique. Chaque retrait était rapide mais suivi d’un geste apaisant, ses paumes douces qui appuyaient, effleuraient, réconciliaient. J’étais tendue, offerte, étonnamment excitée.
Puis, sans prévenir, au lieu de s’éloigner, elle souffla doucement sur la peau fraîchement épilée. Un souffle chaud, humide. Mon dos se cambra légèrement. Mon sexe, entièrement découvert maintenant, vibrait sous ce souffle.
Elle ne bougea pas. Je la sentais encore là, proche. Sa joue frôlait ma cuisse. Puis sa bouche se posa. D’abord un simple baiser, léger, sur le haut de mon pubis. Un geste presque affectueux. Puis un autre, plus bas. Et un autre. Chaque baiser était une invitation, une question silencieuse. Je n’ai rien dit. Je n’ai pas protesté. Je n’ai même pas réfléchi. J’ai simplement écarté mes jambes un peu plus.
Elle accepta cette réponse avec un soupir discret. Sa langue se fit plus curieuse, plus précise. Elle goûtait, effleurait, explorait sans jamais brusquer. Une langue fine, vive, qui dessinait des cercles, des lignes, des promesses. Son souffle chaud se mêlait à ma moiteur. Mes hanches se soulevaient, mes doigts se crispaient sur le tissu de la table.
Elle prenait son temps.
Je m’abandonnais. La pièce était baignée d’une lumière dorée, le dehors semblait appartenir à un autre monde. Ici, il n’y avait plus que nous deux, le jasmin, le chant sourd des insectes, et le clapotis du désir. Mon orgasme monta lentement, comme une vague, une marée qui gagne en force. Et quand il éclata, ce fut sans pudeur, sans bruit, juste un souffle long, profond, un râle qui s’échappa de ma gorge.
Elle resta là, quelques secondes, à m’embrasser doucement entre les cuisses, puis se releva, les yeux brillants mais toujours calmes.
— Now... you’re clean.
Un sourire léger. Ironique peut-être. Complice surtout.
Je ne savais plus si j’étais venue pour une épilation ou pour une initiation. Mais je savais que je ne verrais plus jamais un institut de beauté de la même façon.
Le soir tombait sur Ko Samui, lentement, dans un flamboiement orange et rose. Le bungalow baignait dans une lumière douce, tamisée par les voiles blancs accrochés aux fenêtres. Yuri était rentré un peu plus tôt que prévu, et il préparait un dîner simple sur la terrasse : poisson grillé, salade fraîche, et une bouteille de vin blanc thaï.
Je suis sortie de la salle de bain, la peau encore tiède, les jambes nues sous une robe légère que je portais rarement. Yuri m’a regardée longuement, en silence, comme s’il sentait quelque chose de différent dans ma démarche. Il s’est approché, m’a embrassée doucement dans le cou.
— T’as l’air… détendue, m’a-t-il soufflé, un sourire en coin.
Je me suis contentée de sourire à mon tour. Et puis, pendant le dîner, j’ai commencé à lui raconter. Pas tout d’un coup. Par petites touches. Je lui ai parlé de Lin, de la pièce étrange, de l’huile parfumée… de la jeune femme. De ses gestes. De ses mains. De sa bouche. Pas dans les moindres détails, mais assez pour allumer quelque chose dans son regard.
Il m’écoutait sans m’interrompre, les yeux rivés aux miens, une main posée sur mon genou nu sous la table, qui remontait lentement à chaque mot plus évocateur. Quand j’ai évoqué le moment où j’ai ouvert les cuisses, il a serré un peu plus sa main, son souffle s’est accéléré.
— Elle t’a fait jouir ?
Sa voix était plus rauque, plus grave. J’ai acquiescé, lentement. Il s’est levé d’un coup.
Il a renversé sa chaise sans y prêter attention, m’a saisie par la taille et m’a soulevée avec une brutalité douce. En une seconde, mes jambes étaient autour de lui, mes fesses nues contre son jean. Il m’a portée jusqu’au lit sans même fermer la porte-fenêtre, comme si le monde autour n’existait plus.
Il m’a jetée sur les draps blancs, a arraché ma robe d’un geste sec, et s’est débarrassé de ses vêtements comme on éteint un feu. Son corps était chaud, tendu. Ses mains ne cherchaient plus à explorer : elles exigeaient. Sa bouche me dévorait. Il grognait presque.
— T’as aimé ça, hein ? Te faire lécher par une inconnue ?
Je n’ai pas répondu. Il n’en avait pas besoin. Mon corps parlait pour moi, déjà offert, déjà humide.
Il est entré en moi sans prévenir, d’un seul coup, profond, brutal. J’ai crié. Il m’a attrapée par les poignets, les plaquant de chaque côté de ma tête. Il me baisait avec une intensité féroce, comme s’il voulait effacer l’empreinte de l’autre femme, ou peut-être juste la ressentir à travers moi. Ses hanches frappaient les miennes, son souffle dans mon oreille se faisait plus rauque à chaque coup de reins.
Je le voulais comme ça. Sauvage. Animal. Primitif.
Je suis venue une deuxième fois, plus fort, plus cru, en agrippant son dos de toutes mes forces. Il a joui presque en même temps, en râlant contre mon cou, ses mains serrées sur mes hanches.
Nous sommes restés collés l’un à l’autre, tremblants, en sueur, haletants, le corps encore vibrant de ce déferlement.
Puis il a soufflé, contre mes cheveux :
— Demain… tu as prévue une autre aventure ?
On était encore collés, moites, étourdis, quand Yuri s’étira sur le lit, bras derrière la tête, le regard malicieux.
— Tu sais, m’a-t-il lancé d’un ton faussement détaché, aujourd’hui en allant shooter des hôtels au nord de l’île, je suis tombé sur une crique… assez spéciale.
Je l’ai regardé en coin.
— Spéciale comment ?
Il a esquissé un sourire.
— Une plage naturiste. Cachée. Sauvage. Du sable blanc, des cocotiers penchés comme dans un rêve, et des corps nus qui prennent le soleil sans complexe. Et là, j’ai pensé à toi… avec tes petites marques rouges toutes fraîches.
J’ai levé les yeux au ciel, faussement outrée.
— Tu veux que j’aille exhiber mon minou fraîchement épilé sur une plage remplie de gens à poil ? T’es malade.
Il a éclaté de rire.
— Oh mais non, pas l’exhiber… bronzer, ma chérie. Uniformiser le teint. Te débarrasser de ces petites démarcations indécentes. Pour des raisons esthétiques, évidemment.
Je lui ai lancé un coussin à la figure, mais il avait déjà bondi hors du lit. Il s’est servi un reste de vin dans un verre tiède et est revenu me regarder, nu, debout dans la lumière orangée du soir. Son sexe encore lourd, son torse luisant, ses yeux brillants.
— T’iras, je le sais.
— Et pourquoi t’es si sûr ?
— Parce que tu fais toujours semblant de refuser quand t’as déjà dit oui dans ta tête. Et parce que… je te connais.
Il s’est approché, a baissé la tête, et m’a soufflé à l’oreille :
— T’as adoré sentir le vent sur ta chatte tout à l’heure, non ? Alors imagine le soleil...
J’ai frissonné.
Je l’ai traité de pervers. Puis j’ai souri, en silence.
Évidemment que j’irais.
Le lendemain matin, Yuri est reparti tôt, avec son appareil, un sac en bandoulière et ce petit sourire au coin des lèvres qui voulait tout dire. Avant de claquer la porte du bungalow, il m’a lancé :
— N’oublie pas la crème solaire… partout.
Je l’ai traité de con. Et puis j’ai ri. Toute seule.
Je me suis préparée lentement. J’avais passé la nuit à me repasser en boucle la scène de la veille : la langue de la jeune Thaïlandaise, la morsure douce de ses doigts, mon orgasme qui m’avait laissée liquéfiée, offerte. Je ne savais pas encore ce qui m’avait le plus troublée : l’intimité, le silence, ou la sensation d’avoir été vue vraiment, au-delà du corps.
Vers midi, j’ai glissé une fouta dans un sac, une bouteille d’eau, mes lunettes de soleil, et je suis partie.
La route vers le nord de l’île serpentait entre les palmiers, les collines et les rizières. En scooter, les cheveux au vent, j’avais l’impression de flotter dans un rêve chaud et vibrant. Après une piste sablonneuse mal indiquée, j’ai fini par tomber sur l’endroit dont Yuri m’avait parlé.
Une crique invisible depuis la route, enclavée entre deux formations rocheuses. Une plage de carte postale, mais avec quelque chose d’étrange dans l’air. Du respect. Du lâcher-prise. Une dizaine de personnes étaient là, nus, seuls ou en couples, allongés au soleil, lisant, discutant doucement, nageant. Aucun voyeurisme. Juste des corps libérés, beaux ou non, jeunes ou non, mais tous vrais.
J’ai hésité quelques secondes. Puis j’ai retiré ma robe. Je portais encore le bikini cuivré… mais je l’ai enlevé aussi.
Le soleil caressa immédiatement ma peau nue, et un frisson courut le long de mon dos. Je m’étendis sur la fouta, à plat ventre d’abord, le sable chaud sous mes bras, les seins écrasés doucement contre le tissu. Le vent salé passait entre mes cuisses. C’était grisant.
Je fermai les yeux. Le bruit des vagues, les cris lointains des oiseaux, le frottement discret des pas sur le sable… Et puis, le silence.
Je sentais des regards. Pas insistants. Juste des présences. Des yeux curieux, furtifs, respectueux mais réels.
Je me retournai lentement. Le soleil m’éblouit. Je mis mes lunettes. J’ouvris les jambes sans y penser vraiment. J’avais chaud. Très chaud. Entre mes cuisses, l’air circulait librement. Je me sentais bien.
Un homme passa près de moi, la quarantaine, musclé, barbu, bronzé, une serviette à la main. Il me regarda une fraction de seconde, puis baissa les yeux avec un petit sourire. Rien d’insistant. Mais il m’avait vue. Et il m’avait trouvée belle.
Je sentis mon ventre se contracter doucement. Mon sexe, nu, encore sensible de la veille, vibra sous cette tension sourde.
Je me mordis la lèvre. Je ne savais pas encore ce que j’étais venue chercher sur cette plage.
Mais il était évident que je ne resterais pas longtemps seulement spectatrice.
Je m’étais assoupie. Le soleil cognait fort, mais la brise marine me caressait doucement, me berçait presque. Mon corps nu, étalé sur la fouta, respirait une lente chaleur. Mes pensées dérivaient quelque part entre les souvenirs de la veille et les sensations du présent.
C’est une vibration subtile qui me réveilla. Pas un bruit, pas un mot. Une simple présence.
J’ouvris un œil. À quelques mètres à peine, légèrement en retrait sous l’ombre d’un cocotier, un homme était assis, jambes étendues devant lui, un livre ouvert entre les mains.
Grand. Métisse. Peau couleur café, lisse, brillante sous la lumière. Il portait des lunettes de soleil sombres et un simple collier de perles autour du cou. Son corps était magnifique, athlétique sans ostentation. Il avait ce genre d’assurance silencieuse qui n’avait pas besoin d’être bruyante. Et surtout, il était entièrement nu.
Je ne pus m’empêcher de remarquer son sexe, au repos, lourd, imposant. Il ne le cachait pas. Il ne le mettait pas en valeur non plus. Il était simplement là, assumé, naturel. Il savait.
Il releva doucement la tête vers moi, et un sourire se dessina sur ses lèvres.
— Tu devrais mettre un peu de crème, murmura-t-il de sa voix grave et basse. À ce rythme-là, tu vas cuire.
Je souris à mon tour, sans bouger.
— Peut-être que j’aime cette sensation. Le soleil sur ma peau.
— Le soleil, oui. Mais regarde ton épaule… et un peu plus bas aussi.
Son regard glissa doucement sur ma poitrine nue, puis s’arrêta sans insistance sur mon ventre, mes cuisses.
Je tournai la tête vers lui, paresseusement, toujours allongée.
— Tu proposes de m’aider ?
— Si je mets la main, je risque de ne pas m’arrêter à l’épaule.
Il avait dit ça avec calme, sans agressivité, sans impatience. Comme une vérité. Une promesse éventuelle.
Je ne répondis pas tout de suite. J’étirai mes bras au-dessus de ma tête, mes seins se soulevèrent légèrement, mes jambes s’écartèrent un peu plus, naturellement. Mon corps tout entier répondait avant même que ma bouche ne parle.
— Alors ne commence peut-être pas par l’épaule.
Son sourire s’élargit. Il referma son livre doucement, comme s’il savait que la vraie histoire allait commencer maintenant.
Il posa son livre sur la serviette, se redressa lentement, s’avança vers moi avec une nonchalance parfaitement maîtrisée. Son corps ondulait légèrement à chaque pas, puissant, félin. Son sexe, déjà un peu gonflé, balançait lourdement entre ses cuisses. Il savait que je le regardais. Il me laissait le faire.
— Alors ? Tu as choisi l’endroit où tu veux qu’on commence ? demanda-t-il en s’agenouillant à mes côtés.
Je le regardai droit dans les yeux, un sourire en coin.
— Tu peux commencer par les cuisses… mais évite de trop t’égarer.
Il se pencha sur moi, saisit le flacon d’huile solaire posé non loin, et le fit glisser lentement entre ses mains. Quelques gouttes s’échappèrent, tièdes, visqueuses. Puis ses paumes se posèrent sur l’intérieur de mes cuisses, les modelant avec une lenteur étudiée, ferme mais contenue.
Son toucher était précis. Il ne cherchait pas à m’envahir, il me testait.
Je gémis légèrement, plus par jeu que par surprise. Il sourit.
— T’es du genre à allumer et à contrôler le feu, hein ?
— Toujours, répondis-je en écartant les jambes un peu plus, laissant ses pouces effleurer les bords de mon sexe, sans encore y toucher.
— Et si je refusais de jouer ton jeu ?
— Tu serais le premier à perdre.
Il rit, bas, grave. Il aimait ça.
Ses mains remontèrent lentement, contournèrent mon pubis luisant d’huile, frôlèrent mes hanches, caressèrent mon ventre. Il s’arrêta à la naissance de mes seins. Me regarda, comme pour demander la permission, mais sans la demander vraiment. J’attrapai alors sa main et la posai moi-même sur mon sein gauche, durci par la chaleur et le désir.
— Là. Tu peux.
Ses doigts l’enveloppèrent aussitôt. Il se pencha, sa bouche trouva mon autre sein, l’aspira doucement. Sa langue tournait lentement autour de mon téton pendant que ses doigts pinçaient l’autre, avec une justesse parfaite. Mon souffle s’accéléra. Mon bassin ondula sans que je le commande.
Je passai une main entre ses cuisses, attrapant enfin ce sexe monstrueux que je n’avais cessé d’observer. Il était dur maintenant, énorme, vivant. Je l’enveloppai de mes doigts, le caressant lentement, le dos collé au sable, fière de garder l’initiative.
Il grogna doucement, un son guttural qui vibra contre ma peau.
— Tu veux jouer ? Alors joue. Mais attention, souffla-t-il. Je ne suis pas sûr de savoir m’arrêter quand on me chauffe trop.
Je lui lançai un regard brûlant.
— Et moi je suis pas sûre de vouloir que tu t’arrêtes.
Nos regards s’étaient soudés, comme si tout autour avait disparu. Pourtant, au loin, quelques naturistes se baignaient encore, d’autres somnolaient, allongés sur le sable chaud. Rien de choquant dans notre proximité… mais ce que j’avais en tête allait bien au-delà d’un massage prolongé.
Je relâchai lentement sa verge, brillante de mon huile et de son excitation. Puis, d’un mouvement fluide, je me redressai, ramassai ma fouta et glissai à son oreille :
— Viens. Pas ici. Je veux sentir la jungle autour, pas les regards.
Il n’a rien dit. Il s’est levé, a saisi son sac d’une main, sa fierté tendue de l’autre, et m’a suivie. Nus tous les deux, nous avons quitté la plage par un sentier discret qui montait entre les rochers, bordé de fougères hautes et de troncs penchés. En quelques mètres, nous étions seuls, enveloppés par les cris des insectes et le bruissement des feuilles.
Une petite clairière s’ouvrait là, cachée du monde, la lumière filtrée par les feuillages. J’ai étalé ma fouta sur un lit de sable sec et chaud. Je me suis allongée, les jambes pliées, les cuisses ouvertes, les bras derrière la tête. Entièrement offerte. Prête.
— Maintenant… plus de précautions.
Il m’a regardée longuement, comme s’il mémorisait chaque détail : mon sexe rasé de frais, déjà luisant, gonflé ; mes seins qui se soulevaient au rythme de ma respiration ; mon regard brûlant planté dans le sien.
Il s’agenouilla lentement, sa main enserrant sa queue monstrueuse, déjà tendue à l’extrême. Elle semblait battre dans sa paume. Son gland, large et sombre, brillait d’un liquide translucide qui perlait déjà. Il se masturba lentement, la main en va-et-vient sur son membre lourd, pendant qu’il me regardait, allongée là comme une provocation vivante.
— Tu mouilles déjà pour ça, hein ? murmura-t-il. Regarde-moi comme tu m’ouvres les cuisses. Petite salope blanche…
Je ne répondis rien. Je me cambrai légèrement, le bassin offert, les doigts posés sur mes lèvres intimes que j’écartai moi-même, lentement, pour lui montrer l’état dans lequel j’étais.
Il grogna.
— Putain…
Il se pencha, cala ses hanches contre les miennes, puis il a craché dans sa main, enduit sa verge, et d’un coup puissant , il me pénétra. Je laissai échapper un cri rauque. Il attendit une seconde, savourant la sensation de mon sexe qui se tendait autour de lui.
Ma bouche s’ouvrit dans un gémissement rauque. Il était immense. Je le savais. Je l’avais vu. Mais le sentir… c’était autre chose. Il me remplissait entièrement, m’écartelait délicieusement, et restait planté là, au fond, sans bouger, me laissant l’accueillir.
Je respirais fort, mon ventre se contractait autour de lui. Il bougea enfin. Lents va-et-vient d’abord, rythmés par le crissement de ses genoux sur le sable. Puis plus rapides, plus puissants. Mes seins dansaient, mes fesses claquaient contre ses hanches, mes mains griffaient le sol.
Il se retira presque entièrement… avant de me replanter son sexe jusqu’au bout, avec une claque sonore contre mes fesses.
— Tu l’aimes profond comme ça, salope ?
— Plus… encore… plus fort…
Il m’attrapa par les hanches, me souleva légèrement, et commença à me baiser violemment, à grands coups de reins qui faisaient gicler mon jus autour de sa queue. Mon corps se tendait, se cambrait, se tordait. J’avais chaud, mes seins sautaient à chaque coup, mes mains agrippaient le sable, mes jambes s’enroulaient autour de lui.
— Tu sens comme tu m’avales ? T’es trempée… t’as la chatte qui me supplie…
Je haletais, la tête rejetée en arrière, ivre de sensation.
— Ta queue est parfaite… continue… oui… n’arrête pas…
Il accéléra, le souffle court, ses bourses claquant contre ma peau. Puis, brusquement, il se retira avec un râle, le gland brillant de mes jus, et se mit à se branler furieusement au-dessus de moi, le regard fixé sur mon ventre qui montait et descendait au rythme de ma respiration haletante.
— T’as une sale petite chatte, putain… t’étais pas faite pour être remplie… juste pour qu’on jouisse sur toi.
Je remontai mes jambes, ouvris plus grand, le bassin relevé.
— Vas-y… Jouis… sur moi… maintenant…
Et il cracha de longues giclées épaisses sur mon bas-ventre, sur mes cuisses, entre mes seins. Son sperme chaud coulait lentement sur ma peau brûlante, dégoulinant le long de mon pubis, se mêlant à mes sécrétions. Il gémit fort, les muscles tendus, le visage déformé par la jouissance.
Je restai là, nue, ruisselante, offerte, le ventre sali par sa jouissance.
Il s’écroula à côté de moi, le torse trempé de sueur, la queue encore raide, dégoulinante.
Je tournai la tête vers lui, un sourire aux lèvres, la peau maculée.
— Putain, t’es dangereuse, toi.
Je me mis à rire, doucement.
— Tu mets toujours autant d’intensité quand tu proposes de mettre de la crème ?
Il sourit.
— Seulement quand c’est mérité.
Nous sommes restés allongés un moment, nus, le corps salé, encore noués par le plaisir. Le ciel, au-dessus de la jungle, avait pris des teintes de cuivre et de violet. Il ne m’a pas demandé mon prénom. Je ne lui ai pas demandé le sien. Ça n’avait pas d’importance. On s’est habillés lentement, en silence, puis on a pris deux directions différentes sans un mot, juste un regard qui voulait dire : on sait ce qui s’est passé, et c’était parfait comme ça.
Quand je suis revenue au bungalow, Yuri était déjà là, dans le hamac, les bras derrière la tête, un sourire en coin, comme s’il avait tout deviné. Il m’a tendu un verre de rhum arrangé.
— Alors, le bronzage intégral ?
— Juste ce qu’il fallait, ai-je répondu.
On n’a rien dit de plus. Il a caressé mes cheveux, doucement. Cette île avait réveillé quelque chose en moi. Quelque chose de chaud, de vivant, de libre.
Le lendemain matin, nos valises étaient prêtes. Le ferry nous attendait pour Phuket. Une autre île. Un autre décor. Peut-être un autre chapitre. J’ai jeté un dernier regard à la plage. Là-bas, quelque part, le sable gardait encore l’empreinte de mon corps.
J’ai souri.
Et je suis montée derrière Yuri sur le scooter, les bras autour de sa taille, le vent chaud sur mes joues, prête pour la suite