Challenge: Nuit tropicale
L'heure fauve
La pluie cesse aussi vite qu’elle est arrivée. Dehors, l’île respire autrement. Une brume chaude flotte au-dessus des plantations. Elle ouvre la porte de la maison, pieds nus, robe légère. La terre est tiède sous ses pas. Autour d’elle, des milliers de fleurs d’ylang-ylang libèrent un parfum entêtant. Capiteux sucré, poivré. Un soupir retenu par la nuit.
Elle avance lentement, son corps traversé par les fragrances, jusqu’au bout du chemin où la plantation se fait plus dense. Elle s’arrête. Une présence immobile devant elle, légèrement à droite. Un homme debout entre les arbres, occupé à vérifier les branches courbées par la pluie. Il porte une chemise ouverte, collée à sa peau par endroits, dévoilant une poitrine lisse et brune. Ses gestes sont précis envers les plantes qu’il touche.
Lorsqu’il se redresse, il la voit.
- Vous ne dormez pas ? demande-t-il doucement, comme pour ne pas déranger le repos des fleurs.
Elle sourit.
- L’odeur était trop forte, répond-elle à voix basse.
Il s’approche sans hâte, regard attentif. Il lève la main pour cueillir une fleur d’ylang-ylang juste au-dessus d’elle. Sans un mot, il lui tend. Elle prend délicatement la fleur entre ses doigts, la porte à son nez. Elle ferme les yeux un instant, submergée par l’odeur chaude, voluptueuse, une caresse invisible.
Lorsqu’elle rouvre les yeux, il est plus proche. Elle sent son souffle, doux comme l’air après la pluie.
- Il faut les cueillir la nuit. C’est là qu’elles donnent tout ce qu’elles sont.
Elle perçoit dans l’air moite le parfum chaud qui émane de son corps à lui, mêlé aux effluves puissants des fleurs. Tout est dense, proche, s’accorde.
Elle regarde ses doigts encore humides de pluie, longs, fins, habiles. Ils viennent effleurer la fleur qu’elle tient toujours contre son visage. Elle frémit, mais ne bouge pas. Sa main descend lentement le long de la tige, lui effleure les doigts, glisse vers son poignet. Le contact est léger, un souffle, mais il suffit à la faire vibrer doucement.
- Vous aussi, vous avez ce parfum, murmure-t-il. La nuit vous va bien.
Il attend, immobile. Sa main se pose alors sur sa nuque, juste à la naissance des cheveux. Sa paume est chaude. Il l’approche doucement de lui, juste assez pour que leurs corps se frôlent sans se presser. Sa bouche s’approche de la sienne, frôle d’abord ses lèvres sans les prendre. Chacun respire le souffle de l’autre.
Elle sent ses jambes s’affaiblir légèrement, troublée par la tendresse puissante de ce geste si précis, si lent. Il la devine, glisse une main sous son coude pour la retenir. La fleur tombe, oubliée sur le sol humide.
Leurs lèvres s’ouvrent l’une à l’autre dans un baiser profond. Leurs langues se frôlent, elle goûte la sienne, légèrement sucrée. Elle sent la peau de son torse nu contre ses doigts. Elle l’effleure d’abord timidement. Son corps répond à ce contact par une tension douce. Sa main descend le long de son bras, caresse son poignet, vient trouver sa taille, ses hanches.
- Venez. Je vais vous montrer comment cueillir les fleurs.
Elle sourit contre sa bouche, ferme les yeux un instant, laisse l’odeur d’ylang-ylang guider ses pas.
Il la guide à travers les arbres, là où les branches forment un abri naturel. Le parfum s’intensifie encore, vertigineux. Sous ses pieds, elle sent la mousse humide, la chaleur diffuse du sol. Il l’invite à s’asseoir, s’allonge près d’elle, sans cesser de la regarder.
Le silence se densifie, seulement troublé des cris des insectes nocturnes. Il approche une main caressante, effleure la peau douce de sa cuisse, remonte lentement jusqu’à sa hanche. Sa respiration s’accélère imperceptiblement. Chaque frôlement, une onde.
Elle se laisse aller, s’étend sur le sol, la robe légèrement relevée, dévoilant ses jambes, son ventre. Il s’approche, tout près, son visage contre le sien. Il embrasse sa tempe, sa joue, descend lentement le long de son cou. Elle sent la chaleur humide de sa langue sur sa peau, elle frissonne encore, ouvre un peu plus son corps à ses lèvres qui explorent délicatement ses clavicules, puis le creux entre ses seins.
Sa robe glisse encore. Elle ne fait rien pour la retenir. Il la regarde, le souffle court, le regard brillant de désir. Elle sent ses doigts remonter le long de ses côtes, effleurant la courbe sensible de sa poitrine. Sa bouche suit, délicate, avide sans agressivité, déposant des baisers doux, précis, sur chaque parcelle de sa peau offerte.
Son corps à lui est chaud, tendu, entièrement tourné vers elle. Elle glisse une main sur sa poitrine, sur son ventre ferme, sent la contraction discrète de ses muscles sous sa paume. Il se laisse faire, un soupir léger glissant de sa bouche quand elle atteint la ceinture de son pantalon. Il lui sourit, l’invite à continuer en avançant doucement son bassin.
Leurs vêtements tombent un à un. Nus, allongés sur la mousse humide, leurs peaux s’amarrent. Elle se hisse au-dessus de lui, s’ouvre. Chaque poussée est délicieuse. Leurs souffles se synchronisent, union sensuelle, en harmonie avec l’île et la nuit. Autour d’eux, le parfum des fleurs répond à leur plaisir en augmentant son intensité.
Elle se laisse porter par la vague qui les prend. Le rythme s’intensifie. Les mouvements de son bassin deviennent plus marqués, plus profonds. Il enroule ses jambes autour de ses hanches. Elle sent son sexe gonfler en elle, épouser parfaitement sa chair sensible, éveillant une tension délicieuse dans tout son corps.
Elle pose ses mains sur ses épaules, les doigts pressés contre sa peau moite. Leurs corps se répondent dans une danse rythmée. Elle se redresse légèrement pour mieux le voir, admirer le désir qui transforme son visage, ses lèvres entrouvertes, ses paupières à demi closes.
Il se cambre vers elle, s’offrant pleinement à sa bouche. Elle embrasse, mordille délicatement, puis aspire légèrement, déclenchant en lui un plaisir vif, intense, qui le fait haleter de désir. Ses doigts descendent le long de son ventre, trouvent son clitoris, le caressent doucement, en rythme avec les mouvements de ses hanches. Il gémit encore, plus fort cette fois, sentant monter en lui une vague irrésistible, une chaleur qui gonfle, prête à éclore.
- Ne t’arrête pas… murmure-t-il, à bout de souffle, les yeux brillants, la voix chargée de désir.
Elle accélère légèrement, ses doigts habiles caressant toujours la base de son sexe, en même temps qu’elle s’ouvre plus grand sur son bassin. Leurs respirations se mêlent, rauques et sauvages. Elle sent monter la tension dans son ventre, dans ses cuisses, dans tout son corps. Il s’accroche à elle, les ongles plantés doucement dans son dos, les jambes serrées autour d’elle, prêt à basculer dans le vide délicieux du plaisir.
Soudain, elle sent son plaisir éclater, une vague puissante, profonde, le faisant crier, le corps tremblant. Elle sent ce frémissement intime, l’intensité chaude de sa jouissance. Elle ne peut se retenir davantage. Quelques mouvements profonds encore, et elle jouit elle aussi, déversant une chaleur profonde.
Leur plaisir flotte dans l’air. Elle embrasse son visage.
- Je ne savais pas qu’on pouvait être à ce point-là… murmure-t-il, sa voix encore tremblante de plaisir.
- Ça doit être l’île, dit-elle simplement.